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Articol apărut la  “Homéopathe International”

http://homeoint.org/articles/teleianu/roumanie.htm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  HOMÉOPATHIE EN ROUMANIE
Dr Ioan Teleianu

     L’Homéopathie, en Roumanie, comme partout dans le monde, a connu des hauts et des bas, liés aux aspects doctrinaires plus ou moins acceptés par le monde médical et bien sûr par les officiels de la santé.

     Mais, aussi, avec la même certitude, comme dans tous les autres pays, l’homéopathie a pris son élan grâce à ses résultats thérapeutiques et, surtout, grâce aux malades guéris, ces incontestables et infatigables chercheurs des solutions bienfaisantes de la vraie médecine.

     Ainsi, à partir même de la plus fertile période, hahnemannienne, de l’homéopathie, les écrits mentionnent qu’il existait, isolés, dans quelques localités du territoire roumain, des médecins homéopathes, contemporains avec Hahnemann, et des médicaments considérés „miraculeux", qui par leurs exploits ont attiré l’attention de la population et des autorités sur cette insolite et „curieuse" méthode thérapeutique. Il est entendu que ces documents traitent l’homéopathie non dans la manière laudative ou pour la faire connaître favorablement, mais, plutôt, en se référant à certains obstacles et conflits lors de son apparition inaccoutumée. La plupart des aspects conflictuels étaient liés aux modalités inhabituelles de la posologie, du mode de préparation et de diffusion des remèdes, qui n’étaient pas tellement orthodoxes, quant aux lois sanitaires.

     Malgré ces réactions, on peut considérer que l’homéopathie, à ses débuts, a été plutôt tolérée que freinée. Elle va se perpétuer de la même manière, plus d’un siècle.

     Il est, peut-être, illustratif d’y faire quelques remarques intéressantes pour leur pittoresque. On trouve, donc, dans les documents d’histoire de la médecine, comme première date mentionnant la pratique de l’homéopathie en Roumanie, l’année 1840 quand plusieurs médecins homéopathes, venus ou formés à l’étranger, donnaient des consultations homéopathiques. Le Dr Edouard Spech, par exemple, avec des études à Vienne, avait son cabinet à Bucarest et on y cite qu’il a toujours eu des déboires avec la justice à cause de ses médicaments qu'il préparait par lui-même, ce qui n’était pas habituellement permis, les autorités confisquant toute sa pharmacie. Ses résultats et ses démarches ont fini par lui donner satisfaction. Il s’agit aussi d’autres médecins, comme par exemple du Daniel Roth, venu de Munnich, installé à Iassy, ou du Dr Meier Frisenhausen qui, en éditant une brochure d’éducation sanitaire concernant les moyens naturels de promotion de la santé, y cite l'homéopathie parmi d'autres.

     En 1863, suite probablement au développement accru des cabinets d’homéopathie et à l’intensification des conflits avec les lois, le Conseil Sanitaire Supérieur (à l’époque, une sorte de Ministère de la Santé), dirigé par le Dr Carol Davilla, a décidé d’interdire la pratique homéopathique dans les établissements publics, en la permettant seulement dans les cabinets privés „…comme dans les autres pays".

     Il est certain que les quelques oppositions contre la pratique homéopathique ont été le résultat de la pénétration trop rapide et incontrôlable des différents praticiens apparus de partout, des „guérisseurs" qui se posaient en „homéopathes" et, peut-être, par certains abus inhérents à la situation de début de cette discipline.

 

Un point fort important est constitué par la présence du Dr Iohan Martin Honigberger (1795 – 1869) né à Brasov, en Transilvanie, qui avait un cabinet d’homéopathie bien connu pour ses résultats thérapeutiques. Celui-ci est devenu, de par ses résultats, une des personnalités décisives pour l'expansion de l'homéopathie après avoir voyagé des années dans différents pays du monde qui l'amena jusqu’en Inde.

 

     Malgré les difficultés, il est incontestable qu’en Roumanie les autorités officielles de la santé ont accepté plus au moins tacitement l’homéopathie. En ce sens, on trouve même exprimé dans les règlements de l’époque, le fait constaté que „... au moins, l’homéopathie ne semble pas mettre en danger la santé des patients..". C’est beaucoup dire pour les années 1870!

     Avec le temps, l’homéopathie s’est maintenue dans l'expectative pendant des dizaines d’années, sans arrêter son chemin sinueux. Le nombre de médecins s’est accru et tout aussi celui des pharmaciens homéopathes, et puis, ça et là, les plus grands praticiens ont attiré des élèves, etc. Mais, malheureusement, durant plusieurs décennies, le statut de l’homéopathie n’a pas souffert de modifications significatives: Les publications autochtones étaient rares, les efforts collectifs pour imposer la méthode manquaient à cause de la dispersion des médecins homéopathes, y compris le manque d’initiative pour réaliser une liaison cohérente entre eux.

     Il en a été ainsi, jusqu’à la période de la 2ème guerre mondiale, moment qui a trouvé l’homéopathie roumaine en présence de quelques valeurs remarquables, représentées par d’éminents médecins allopathes qui se sont dédiés à l’étude et à la pratique de l’homéopathie. Ces médecins ont eu la possibilité, grâce à leurs compétences, de montrer irréfutablement, aux autres collègues allopathes, les résultats concrets de l’homéopathie, ce qui a fait apparaître un réconfortant respect pour leurs performances et pour la méthode. Tous ces spécialistes avaient des positions professionnelles qui leur ont permis d’établir aussi des liaisons avec les grandes figures de l’homéopathie européenne.

     Dans la période de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre se sont affirmés plusieurs praticiens, parmi les noms de résonance se trouvant: le Dr N. Nicolicescu, éminent spécialiste en maladies infecto-contagieuses qui a préféré l’homéopathie à la carrière universitaire au moment où il était brillant dans sa spécialité allopathique, le Dr Constantin Barbulescu, l’auteur de plusieurs ouvrages d’homéopathie, le Dr Petre Georgescu, chirurgien réputé, le Dr C. Fulga de Ploiesti, le Dr Tiberiu Ionescu, élève du Dr Pierre Schmidt de Genève, le Dr C.Aurian Blajeni, chirurgien et gynécologue, l’auteur d’une monumentale monographie sur la doctrine homéopathique, et collaborateur aux revues d’homéopathie françaises, le pharmacien Victor Iacobi un grand animateur de l’homéopathie pharmaceutique, Dr. Alina Papazol- Drimba, une grande spécialiste en radiologie et fervente militante des premieres réunions d’homéopathie initiées dans cette période, le Dr Gheorghe Bungetzianu, le doyen d’âge des homéopathes roumains d’aujourd’hui, éminent pneumologue et auteur de publications, le Dr Ramiro Tomescu, neurologue, excellent homéopathe autodidacte, la pharmacienne Cezarina Tuchel, celle qui, par sa pharmacie, a joué le rôle de liaison entre les générations d’homéopathes d’hier et d’aujourd’hui, etc.

     Un soutien théorique prestigieux, au cours des trente dernières années, a été apporté par le Prof. Dr Victor Sahleanu qui, par son érudition connue et ses innombrables publications de doctrine en médecine, a favorisé une meilleure compréhension de la vérité homéopathique et de ses bases fondées sur de recherches infaillibles.

     Vers les années 1970, les initiatives pour grouper les médecins ont été intensifiées et nous assistons, à cette période, aux premières réunions pour un travail collectif plus structuré, en vue d'échange d’expérience, ce qui a stimulé sporadiquement le mouvement pour faire accepter la méthode, en déterminant le Ministère de la Santé, même à délivrer, à un nombre de médecins, des autorisations pour pratiquer l’homéopathie, avec certaines restrictions. C’est le moment qui a fait naître l’intérêt pour créer une société d’homéopathie, en envisageant les premières formes de formation continue par des séances professionnelles avec présentation de référents et de communications sur leur travail.

     Un événement tout à fait spécial, qui s’est passé en 1980, a joué un rôle décisif dans le développement récent de l’homéopathie roumaine. C’était l’époque qui avait concentré de grandes difficultés économiques dans le pays, parmi d’autres, avec un manque cruel de médicaments et de ressources de tout ordre pour la santé, ce qui rendait presque impossible non seulement l’importation habituelle de médicaments, mais aussi de matières premières pour l’industrie autochtone.

     En ce moment (providentiel, je le crois aujourd’hui, pour l’homéopathie roumaine), le Ministère de la Santé, bien conseillé par quelqu’un d’entre nous, a compris et a accepté immédiatement l’idée que la plus pertinente décision était celle d’en appeler à cette inestimable source de santé qui est „la mère nature" avec ses moyens, et aussi, de promouvoir certaines „méthodes" thérapeutiques non-nocives, significativement développées sur le plan mondial, à savoir: La phytothérapie, l’homéopathie, l'acupuncture.

     Il s’est produit quelque chose de stupéfiant: Le Ministère de la Santé, lui-même, a pris en charge l’organisation, par son „Centre de perfectionnement post-universitaire des médecins et des pharmaciens", des cours d’initiation dans les domaines cités ci-dessus, s’adressant aux médecins, en entraînant les meilleurs praticiens de ces „méthodes" dans cet enseignement sui-generis. S’agissant de domaines insuffisamment connus, il a fallu établir une stratégie adéquate, les premières promotions de médecins étant sélectionnées à partir de critères très sévères, quant à la formation de spécialité et au comportement professionnel, déontologique, cela pour faire jouer dans cette „aventure" de début en homéopathie, au moins l’autorité professionnelle déjà acquise et reconnue par les collègues de travail et à la fin pour imposer prudemment et progressivement la doctrine. Cela a exploité au maximum ce qui était possible dans un état centralisé, où l’émergence du centre vers la périphérie était la seule direction.

     Immédiatement après la première promotion, le Ministère de la Santé a du réglementer, officiellement, la pratique homéopathique dans le territoire, par une Ordonnance, réglementation qui existe en Roumanie depuis lors.

     L’homéopathie dispensée au cours d’initiation a été conçue, telle qu’elle est, comme une discipline médicale thérapeutique complémentaire, dans le cadre global de la médecine, les diplômés pouvant appliquer les traitements homéopathiques soit dans les établissements publics (à l’époque c'était la règle) soit, plus tard, en privé. Dès le début, les demandes ont été énormes, quant au nombre de participants, le seul critère étant celui d’avoir une bonne préparation médicale. Pour nous, cette formation médicale de base et de spécialité est considérée comme capitale et décisive pour comprendre parfaitement la complexité de l’acte médical homéopathique et pour en assumer entièrement la responsabilité.

     Jusqu'à présent, presque 2300 médecins ont terminé la formation complete d’homéopathie, conçu en trois cycles d’enseignement, dispensé pendant trois ans.

     En 1999 nous avons organisé quatre nouveaux cours de 1-ère année (à Timisoara, Bucarest, Cluj-Napoca et Sibiu) avec plus de 120 médecins, en ajoutant les deux cours de 2-ème année et deux de 3-ème année, accédant au diplôme de supra-spécialisation en homéopathie. A partir du 2000, une nouvelle forme, plus adaptée, a été démarrée, par cours de week-end, une fois par mois, pendant deux années.

     Il faut comprendre qu’une partie des premières promotions n’a pas pu rester en homéopathie; on apprend l’homéopathie au cours, mais en pratique c’est l’homéopathie qui sélectionne ses apôtres. En plus, au début il n’y avait qu’une seule pharmacie homéopathique dans le pays, à Bucarest, difficulté qui pendant plusieurs dizaines d’années a freiné la pratique de la méthode.

     Ces vingt ans d’enseignement homéopathique, grâce aux efforts des enseignants roumains qui se sont formés en travaillant dans ce domaine, ont contribué à faire en sorte qu’en Roumanie, la formation, la pratique et les lois sanitaires jouent ensemble en faveur de l’homéopathie, ce qui peut être considéré comme un phénomène inédit en Europe, et cela nous oblige à garder la qualité de nos prestations et une modération raisonnable dans nos relations professionnelles avec les collègues. Avec des moyens didactiques plutôt modestes, avec émulation et patience, nous croyons que le mouvement homéopathique déclenché par l’enseignement homéopathique en Roumanie a entièrement gagné le pari (pas encore „... Paris", comme pourrait dire votre sympathique Didier Grandgeorge).

     On voit, aujourd’hui, chez nous, parmi les jeunes médecins, des valeurs incontestables en ce qui concerne l’homéopathie, qui pratiquent exclusivement cette médecine et tendent vers des formes supérieures pour optimiser leurs performances. Ces dernières années, un appui dans notre effort est venu de l’Occident, surtout de France, dont les formes d’éducation et la langue font partie de nos préférences culturelles.

     En 1980 nous avons démarré notre chemin à partir de presque rien, avec seulement 4-5 homéopathes militants et quelques livres. Aujourd’hui, en Roumanie, il y a des instituts, des établissements, des fondations, des hôpitaux, des cabinets, etc. d’homéopathie, une industrie de médicaments, des pharmacies un peu partout, des liaisons avec les autres pays, des revues et d’autres publications, etc. La Société Roumaine d'Homéopathie, en plus d’autres activités concernées, organise annuellement un congrès national, de plus en plus prestigieux.

     Ce sont des réalisations qui ont consolidé le statut de notre discipline thérapeutique et permettez-nous de croire que le Bon Dieu nous a beaucoup aidé. Ou bien, peut-être, de son vieux temps, le génie Hahnemann, - celui qui, il faut le savoir, a passé deux ans à Sibiu (l’ancien Hermanstadt) ici chez nous dans ses débuts en médecine, - a pu apprendre quelque chose d’inédit de notre médecine traditionnelle (il avait reconnu cela dans une publication de 1784) – et nous a laissé, en revanche ou en souvenir de sa nostalgie possible et de sa passion, un brin de lumière spirituelle qui, ayant la puissance des grandes dynamisations homéopathiques, éclaire notre chemin à tous.

Dr Ioan Teleianu
Président de la Société Roumaine d’Homéopathie
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Présentation de l'auteur:

     Le Dr Ioan Teleianu est Président en exercice de la Société Roumaine d’Homéopathie (depuis 1992) et professeur responsable de la méthodologie de l’enseignement homéopathique roumain.

     Il a été expert en Pédagogie médicale de l’Organisation Mondiale de la Santé (1969-1973) et Directeur du "Centre National de formation continue et de perfectionnement postuniversitaire des Médecins et des Pharmaciens" (Institut subordonné au Ministère de la Santé de Roumanie) entre 1975 et 1994.

Sylvain Cazalet
Homéopathe International